CONSTRUCTION DU POSTE DE LALA OUDA
Lors de mes recherches d'informations concernant la 1ère compagnie du 1/22ème RI, par l'intermédiaire du blog de Michel, j'ai fait la connaissance d'Edmond Courraly qui était "passé" par la maison forestière de Tighret, durant son séjour en AFN, dans les rangs de la 3ème compagnie.
En effet, Edmond a séjourné à Tighret du 20 novembre au 14 décembre 1956. Il faisait partie d'une section qui a remplacé les "rappelés" qui y séjournaient. La maison forestière qui avait été brûlée précédemment par les fells, était dans un état lamentable, inhabitable, car rien n'avait été entrepris pour la restaurer. La relève s'en est chargée.
Le second passage a eu lieu le 14/03/57, pour quelques jours, car son unité a été mutée rapidement à Messelmoun pour relever une section continuellement harcelée.
Mais au cours de nos échanges, j'ai aussi appris qu'il avait participé à la construction du poste de Lala Ouda et qu'il possédait de nombreuses photos. Ce qui m'a donné des idées qu'il a acceptées.
Le sergent Edmond Courraly à Lala Ouda.
NB: le nom de l'auteur sera toujours précisé. S'il ne l'est pas, c'est que la photo fait partie de la collection d'Edmond.
Edmond Courraly a été incorporé au 93ème RI, au camp de frileuse proche de Beynes au fin fond de l'ancienne Seine et Oise le 3/05/56. Il y a fait ses classes et ses pelotons. Il est arrivé le 7/11/56 en Algérie avec le grade de sergent et a été affecté à Villebourg à la 3ème compagnie du 1/22 RI.
Après Tighret, puis Messelmoun, on le retrouve à Dupleix et enfin à Tala Icorn.
Le 3/12/57, il est affecté à Lala Ouda alors en construction. Il y restera jusqu'à sa libération. Il embarquera pour la France le 24/10/58 sur le "Ville d'Oran".
LALA OUDA
DECISION
Nous ignorons quel a été le motif de la construction de ce poste et à quelle date a été prise la décision. Il n'en demeure pas moins que l'embuscade qui a eu lieu le 28/02/57 sur la piste en face du poste n'a pas été sans influence.
On peut penser qu'il était aussi destiné à surveiller et protéger une partie de piste particulièrement dangereuse.
Futur site de Lala Ouda à l'endroit de stationnement de l'hélicoptère Sikorsky. Juste au-dessus, la ligne blanche horizontale marque la piste de Bouyamène à Dupleix, là où a eu lieu l'embuscade. Au fond, au centre, le djebel Nador et, à droite, le piton 908. Au premier plan, la piste descendant plein nord.
EMPLACEMENT
Le lieu tire son nom d'un mausolée, détruit par l'armée au lendemain de l'embuscade du 28/02/57, d'une sainte femme locale nommée Lala Ouda. Une piste reliait ce mausolée à la piste principale de Dupleix à Bouyamene.
Le poste de Lala Ouda en LY 15 B 73 était situé sur une ligne de crête, légèrement arrondie, proche de la piste principale Dupleix-Bouyamene (écrit parfois Bou Yamine car il ne s'agit que d'une transcription latine).
Une petite piste, celle du mausolée (?), mais carrossable menait du poste à la piste de Bouyamene à Dupleix distante d'environ 300 mètres. Une seconde montait du douar situé en contrebas, plein nord.
CARTE
Piste de Bouyamene à Dupleix. Les ronds marquent l(emplacement des postes. Les 2 flèches sur la piste en LY 15 B 73 et C 64 désignent les positions extrêmes de l'embuscade du 28/02/57. Les petites étoiles matérialisent les "cibles" des tirs"préréglés" du mortier.
INSTALLATION
C'est la 3ème Compagnie du 1/22, en provenance de Villebourg, qui s'est installée à Lala Ouda entre octobre et novembre 1957. Au début, il ne s'agissait que d'un simple camp de toile: les marabouts. Les conditions de vie étaient rudes, c'est le moins qu'on puisse dire.
A gauche la roulante pour la popote et la citerne d'eau. Le problème, quand pour des raisons de sécurité évidente, on cantonne sur un point haut et isolé, c'est qu'il n'y a pas de source disponible. Il ne reste qu'une solution : "les citernes".
CONSTRUCTION
Les travaux ont été réalisés par les militaires en quelques semaines.
Les "terrassiers" en plein effort, ou presque….
Le poste en cours de construction. Le baraquement au toit arrondi sera un magasin. A droite la petite piste qui permet de rejoindre la piste principale.
Sur le point haut, bien évidemment, la tour de garde abritant la radio. Le baraquement au pied est une future chambrée.
Les bâtiments terminés et la place d'armes en quelque sorte. Avec le blason du régiment au pied du mât des couleurs.
Le poste de Lala Ouda terminé. Vue générale.
LE MORTIER
Le mortier de 60m/m, Edmond chef de pièce.
Mortier en position. Opération de nettoyage.
Le "plan de tir". Une véritable "Pierre de Rosette" puisque les "cibles" sont déterminées en coordonnées "chasse" (les toutes nouvelles) et "Lambert" (les anciennes).
BENI HATTETA
L'école a été construite à environ 1 km de Lala Ouda en LY 15 A 75. Elle a été inaugurée les 1er et 2 juin 1957. Un appelé faisait office d'instituteur. En quelque sorte le rôle humanitaire de l'Armée.
L'instituteur et sa classe. Uniquement des garçons.
Cette école a été détruite par les fellaghas mais après le départ d'Edmond. Nous ne disposons donc pas d'informations concernant cet acte de vandalisme.
TALA ICORN
Poste de la 3ème Cie créé en juillet 1957 en LY 15 D 44 à un carrefour de piste avec une section (moitié Appelés / moitié Harkis). Edmond l'a rejoint en août 1957.
Le col avec le carrefour de pistes qui a permis de situer le poste et une nouvelle école, le bâtiment blanc.
1ère installation classique : un marabout commun aux appelés et aux harkis.
Pour remplacer la tente, somme toute, des mechtas furent construites pour un peu plus de confort. Indéniablement, les conditions de vie se sont améliorées….
Et, en plein bled, une école a été créée. Edmond y a enseigné un temps.
Les élèves, filles et garçons mélangés. Ce qui est déjà un progrès.
La classe unique en pleine étude. Installation sommaire. A remarquer, près de la cheminée, le P.M. du militaire instituteur. Il faut toujours être sur ses gardes. Quoique….
Edmond COURRALY pour les souvenirs et les photos & J.C PICOLET pour la mise en forme.