L'EMBUSCADE DU 28 FEVRIER 1957
SUR LA PISTE DUPLEIX - BOUYAMENE
Pour compléter le récit J.C. Picolet voici les interventions et les opérations qui ont été menées, à partir du camp de Béni Bou Hanou, auxquelles toute la section a participé après l'embuscade de Dupleix.
Notre section la 4ème faisait partie de la 2ème compagnie située à Bou Yamene, mais détachée au camp de Béni Bou Hanou, situé à mi-chemin sur la piste Bou Yamene/Tazerout. Nous sommes arrivés en décembre 1956 pour relever les rappelés, et quitter ce camp en juin 1957 pour la ferme Maître.
La ferme Maitre (photo Claude Rochard)
Le convoi de ravitaillement montait chaque semaine jusqu'à Béni Bou Hanou pour nous ravitailler, je connaissais plusieurs camarades et gradés qui ont été tués dans l'embuscade.
Camp de Beni Bouhanou (photo Claude Rochard)
Dans la liste de ces malheureux figurent deux camarades de notre section qui avaient pris le convoi pour descendre à Gouraya.
Paul Lafitte pour des soins dentaires, il a été blessé, et est décédé suite de ses blessures le 03 mars 1957 3 jours plus tard à l'Hôpital Maillot Alger.
Robert Bories permissionnaire libérable, a été tué dans cette embuscade, il rentrait en France.
Il est exact que les permissionnaires descendaient à la C.C.A.S sans arme, ils n'auraient donc pas pu riposter.
A l'époque le nombre de fellaghas en embuscade avait été estimé à cent vingt, nous connaissions bien cette piste pour l'avoir prise plusieurs fois. Les taillis et les buissons assez denses arrivaient jusqu'aux aux de bords de la piste, c'est ce qui a sans doute permis aux attaquants de mieux se dissimuler ?
Après l'embuscade les versants ont été déboisés de chaque côté sur environ sur 30 mètres.
Dés la connaissance de l'embuscade des opérations de bouclage, et de ratissage ont été immédiatement mise en place pour l'ensemble du 1er bataillon.
Béni Bou Hanou
La piste Bou-Yamène Dupleix à une distance d'environ 20 Kilomètres, à chaque fois que le convoi montait la moitié de notre section partait pour la journée en protection sur les crêtes surplombant la piste. Je ne connais pas le point kilométrique où se trouvait notre groupe ce jour là, mais je pense qu'il devait-être assez éloigné du lieu de l'embuscade.
L'autre groupe dont je faisais partie, était resté de garde au poste. Vers 15 heures, nous avons vu arriver par la piste venant de Tazerout un convoi d'une dizaine de G.M.C. qui amenait en renfort une compagnie de tirailleurs sénégalais, ils sont aussitôt partis en ratissage, (voir photos)
Convoi des tirailleurs Sénégalais à Béni Bou Hanou (photo Claude Rochard)
A aucun moment nous n'avons vu de troupes héliportées sur notre secteur.
Le soir en revenant au camp, les tirailleurs sénégalais, ont ramenés une quinzaine de suspects et un camarade mort René Presle, les prisonniers ont été interrogés par le chef de section le lieutenant Christian Pasteau, (Saint-Cyrien)
Interrogation d'un suspect par le lieutenant Pasteau (photo Claude Rochard)
Ce lieutenant après avoir servi au 22ème R.I. a été affecté par la suite au 1er régiment étranger de parachutistes, il a été tué le 19 décembre 1959 à Zéralda région de Cherchell
Vers 20 heures notre groupe (10 hommes) qui était resté au poste dans la journée, dirigé par le sergent Hébert a reçu l'ordre d'aller monter une embuscade, à la jonction de deux sentiers muletiers, éventuels chemins de repli des fellaghas.
Nous sommes restés en position jusqu'à 1 heure du matin, étant à découvert, nous avons été obligés de décrocher car la situation devenait dangereuse, deux T6 nous ont survolés à plusieurs reprises et ont commencé à lancer des lucioles, ces dernières éclairaient la nuit comme en plein jour. Nous avons cru être repérés et pris pour des rebelles, Le sergent a jugé plus prudent de redescendre se mettre à l'abri sur la piste en contre bas.
Camps de Bou Yamene et de Dupleix (ferme Buthiaux)
Dans son compte-rendu le commandant Cailhol indique que la section du lieutenant Christman de la 2ème compagnie de Bou-Yamène et la 3ème compagnie du capitaine Medy de Dupleix sont arrivés en renfort sur les lieux 15 à 20 minutes plus tard pour dégager les survivants. Un de mes camarades venu de France avec moi, faisait partie de la section Christman.
Louda Louze
Pour la 1ère compagnie postée à cette époque à Louda Louze, nous n'avons eu aucun renseignement sur sa participation aux recherches des H.L.L.
Après l'embuscade, nous sommes restés trois semaines sans être ravitaillé, notre approvisionnement c'est ensuite fait par parachutage depuis un Nord Atlas et cela jusqu'à fin juin 1957 date de notre départ pour à la ferme Maitre
près de Gouraya.
Nord Atlas ravitaillant le poste après l'embuscade (photo Claude Rochard)
Aïssa choc des cultures.
50 ans après cette guerre un Chouf qui avait 11 ans en 1957 raconte un événement qui se serait produit après l'embuscade. Ce récit est paru dans le nouvel Obs du 17 septembre 2008.
Pendant mon séjour au 22ème nous n'avons jamais eu connaissance de ce fait, les autorités ont-elles voulu taire cet évènement ?
Cet ancien chouf indique dans son récit qu'un jeune soldat français, aurait été fait prisonnier lors de la bataille de Bou-Yamène et aurait été emmené à travers le djebel pendant 15 kilomètres, pour rejoindre le village Hayouna, situé dans l’arrière pays de l'Oued Messelmoun.
Ce prisonnier n'est pas René PRESLE, que les tirailleurs sénégalais ont retrouvé mort sur le lieu de l’embuscade et qu’ils ont ramené le jour même à Béni Bou Hanou. J'étais présent quand l’infirmier a soulevé la toile de tente qui le recouvrait, il était sur une civière encore habillé de son treillis, et de son casque, mais il ne portait aucune trace de lapidation.
Claude Rochard